« Misterioso-119 » le 6 et 7 juin à 21h (Théâtre La Vignette)

Misterioso-119 de Koffi Kwahulé
Projet Master Pratique-Parcours théâtre et spectacle vivant, Université Paul Valéry-Montpellier 3

Misterioso

  • Mise en scène et scénographie : Eloïse Moisi
  • Assistanat mise en scène : Laurent Quentier
  • Créatrice et régisseuse lumière : Claire Eloy
  • Comédiennes : Lou Barriol, Clémence Bigaud, Siobhan Coffey, Lauriane Hamel, Malika Hamza et Fanny Hollard.

« Une deux trois minutes que je suis là. Une deux trois minutes que je me tiens là, immobile, comme un regard dans l’obscurité scrute l’obscénité du théâtre. Une deux trois minutes que je vous regarde. Je vous ai regardée ; j’ai pris le temps de soupeser chaque arpent de cette chair pour laquelle vous m’avez regardée comme si j’étais une femme. »

Misterioso-119 nous propose une plongée dans l’univers carcéral féminin : tout se joue dans une prison, un espace fermé, en huis-clos. Dans un ancien couvent reconverti en prison, 5 femmes sont détenues pour des actes graves. Une intervenante artistique et comédienne vient s’engouffrer dans cette « arène aux louves », alors que deux de ses prédécesseurs ont disparu mystérieusement. Elle vient monter un spectacle mettant en scène les prisonnières. Qui sont ces femmes ? Qu’ont-elles fait ? Que vivent-elles ? Pas de temps indiqué, pas de lieux précis, pas de noms de personnages.

On se retrouve donc à les suivre à grands pas : une histoire passionnelle se tisse entre l’intervenante et la chef des prisonnières, une pièce de théâtre absurde et grotesque se répète, des commérages de femmes se répandent, des actes de cannibalisme se perpétuent, pendant qu’une prisonnière interprète inlassablement Misterioso de Thelonious Monk. Nous pénétrons dans l’intimité de ces femmes, nous assistons à la naissance de cette relation amoureuse, faite d’attirance et de répulsion, de violence et d’affection, qui mènera à un amour explosif et insensé. Désirs, peurs, haines traversent la pièce et emportent ce chœur de femmes, ces figures féminines, ces notes musicales, qui se questionnent, se cherchent, se déchirent et finissent par se dévorer d’amour, se gaver de chair et de sang.

« Koffi Kwahulé met les voix en espace, comme dans le jazz où plusieurs voix, peuvent improviser ensemble tout en se faisant entendre individuellement. Il essaie de montrer que les paroles sont comme des portées sur une partition. Même le personnage qui ne parle pas joue avec les autres. Il continue à jouer. »

Koffi Kwahulé est né en 1956 à Abengourou en Côte d’Ivoire, il est  comédien, metteur en scène dramaturge et romancier. Il a fait ses études de théâtre à L’institut national des arts d’ Abidjan, en 1979, et a réussit le concours de l’ENSATT à Paris. Depuis, 1980, il a écrit une vingtaine de pièces de théâtre qui ont été mises en scène en France principalement. Les pièces de Koffi Kwahulé sont caractérisées par une écriture singulière en lien avec le jazz : il intègre les sons du jazz dans son écriture même. L’écriture elle-même devient jazz, c’est dans ce genre musical que Kwahulé va chercher son message global. il assimile la pratique du jazz et son théâtre à une reconstruction, à un processus sacrificiel, dans lequel on détruit pour reconstruire. Le jazz est pour Kwahulé « une musique profondément théâtrale dans sa brutalité et l’évidence de sa présence ». L’auteur de Misterioso-119 revendique pleinement son statut de jazzman improvisateur et cherche à donner aux spectateurs la même sensation qu’à l’écoute d’un morceau de jazz. Ses deux grands inspirateurs sont Thélonious Monk et Coltrane. Son écriture donne à entendre le jazz, écriture telle une partition de jazz, qui s’affirme d’abord par les sons. Kwahulé a donc revu ce qu’était l’écriture dramatique « une réalité sonore et rythmique ».

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