« Chronicle » de Josh Trank (2012)

Chronicle pose les bases d’un film ambitieux : tourné un film de super-héros non basé sur un comics-book à la manière d’un « home movie ».
Depuis quelques années, un nouveau « genre » de cinéma peuple les écrans de son esthétique très particulière : le film est tourné à la manière d’un film de famille, c’est à dire cadrage approximatif, image granuleuse, délavé et qui manque de précision, son médiocre et protagoniste tenant lui même la caméra. En gros, le film que tout amateur pourrait faire de chez lui, ou presque.

Ce « genre » de cinéma semble avoir 2 variantes peu facilement différentiable : le « home movie » et le « found footage ». La différence entre le « home movie » et le « found footage » est déterminé par le possesseur (fictif, bien sur) des images que l’on nous projette.
Le film que l’on nous montre a-t’il était « retrouvé » par certaines personnes n’ayant rien à voir avec les protagonistes du film (Projet Blair Witch (1999), Cloverfield (2008), Troll Hunter (2010)) ? Ou bien les images qu’on nous montre sont sensés être « en direct » (Rec (2007), Paranormal Activity (2007)) ? Dans le premier cas on aura donc affaire à un « found footage » (en bon français « métrage trouvé ») et dans le deuxième cas, qui est aussi celui de Chronicle, on aura affaire à un « home movie » (« film fait à la maison/en amateur »)

La deuxième ambition de Chronicle est de proposer un film de super héros (entendons par là des gens avec des super pouvoirs) qui ne se base sur aucun comics-book préexistant (par exemple, édité par Marvel ou DC) pour son histoire ou ses personnages. Chose assez rare au cinéma mais pas inexistante puisque des films comme Super (2010) ou Hancock (2008) l’avais déjà fait. L’histoire est plutôt simpliste : un jeune homme, Andrew (Dan DeHaan) est malheureux dans sa vie (mère malade, père alcoolique, camarades de classe pas gentil) et décide de faire l’acquisition d’une caméra pour se couper du réel et de ne voir la vie qu’à travers son objectif. Un soir avec son cousin (Alex Russell) et le futur Président du lycée (Michael B. Jordan), Andrew découvre une grotte souterraine et alors qu’à coté une grosse rave party se déroule, nos 3 héros décident d’explorer cette grotte. Quelques minutes et une perte de connaissance plus tard, ils se retrouvent avec des pouvoirs télékinésiques et le film peut ENFIN commencer.

L’ambition du film tombe vite car, soyons clair, le film ne tient pas ses promesses et ce qui aurait du faire sa force devient sa principal faiblesse. Les acteurs sont bons et leurs superpouvoirs ne sont pas ridicules. La trame principale est plutôt bien construite si l’on n’est pas allergique aux clichés hollywoodiens et aux quelques maladresses de scénario qui découlent du défaut principal du film, le dispositif de narration, c’est à dire la fameuse tentative de « home movie ».
Le réalisateur Josh Trank (premier film au compteur) a trouvé un truc efficace pour justifier le fait qu’Andrew ne porte tout le temps sa caméra avec lui, celui ci la fait léviter à l’aide des ses pouvoirs télékinésiques pouvant ainsi plus facilement agir à l’aide de ses deux mains sur le monde qui l’entoure. Si ce truc scénaristique est efficace et amène de très beaux moments où Andrew « joue » avec sa caméra, il devient vite insupportable car Josh Trank se force à justifier la provenance de l’image de tout les plans et on se retrouve vite dans une ville (Seattle) où tout le monde se trimballe avec un caméra HD sur lui. Il arrivera même par la suite que l’on nous présente les images que l’on voit comme étant tirer de caméra de surveillance, d’Ipad ou de téléphone portable, le tout dans une qualité irréprochable. Niveau crédibilité zéro.

Ce système ruine d’autant plus le film que le seul personnage féminin (et « love interest » du cousin d’Andrew, Matt) filme elle aussi TOUT LE TEMPS (quand on sonne chez elle par exemple) mais pour son blog qui ne sera évoquer qu’une fois histoire de justifier son usage de la caméra.
Josh Trank avec ce dispositif commet une grave erreur car il gâche un scénario original de Max Landis (fils de de John Landis) avec une mise en scène qui ne se contente pas seulement de ne rien apporter (à part 2/3 moment) mais gâche un film qui avait le potentiel de se révéler comme la relève d’un genre (le film de super héros) à une époque où le film de super héros est parfois un peu trop conventionnel.

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