Arthur BABEL à la galerie annie gabrielli jusqu’au 23 février

Pour sa première exposition personnelle, Arthur Babel présente plusieurs séries de ses créations photographiques.

Dans Poursuite et Tangos, où la totalité des images est en couleur, photographies réalisées de nuit, pixelisées, d’aspect souvent granuleux, il nous fait partager un univers particulier, des instants d’une réalité éphémère, presque sous forme narrative. Il nous guide de façon ambivalente dans un jeu d’équilibre, gardant une certaine distance avec le spectateur. Les personnages s’entourent d’un voile flou dans des espaces urbains baignés de faisceaux de lumière troublants. « Dégagé des référents sentimentaux, le flou intentionnel s’annonce à l’œil et à l’intelligence comme une sorte de manifeste. Pourtant l’image donne à entendre quelque-chose d’originel, une rumeur du monde, comme une lumière fossile » (extrait de « Nuit Optimale » d’Arnaud Claass). Arthur Babel exprime son rapport au monde par de grands flous, des traces de moments précis, liés à l’obscurité ou plutôt aux sources de lumières urbaines. Si les titres sont bien marqués, nous oscillons entre plusieurs interprétations. S’agit-il d’un point de vue interchangeable ? Ces moments précis sont-ils le reflet d’un pas de danse? Cette défaillance du visible, prégnante, est-elle l’expression de scènes plus graves qu’il n’y paraît ? Arthur Babel brouille la mise au point pour suggérer des informations selon notre état réceptif. A t-il créé des états de tension ou des états libératoires? Ces « arrêts » sur image donnent l’impression de vivre l’instant précis qui précède la fuite dans cette obscurité. Chaque image ou chaque groupe d’images est marqué par une unité qui fonctionne comme un haïku.

Dans Ritournelle, Arthur Babel présente des images plus « colorées », un univers qui nous est étranger mais plutôt familier. Nous sommes « pris » dans des espaces clos, le pas est difficile mais la musique est là… Car ici aussi, l’image donne à entendre quelque-chose d’originel, des échos de souvenirs, empreints d’un passé perdu pour certains. La récurrence des regards lointains chez les personnages induisent la fonction de souvenir au sens large et suscitent notre imagination, nous sommes loin de l’idée de capture du réel. Dans chaque photographie, nous nous infiltrons dans une répétition.

Grip Like a Vice

Arthur Babel est un jeune artiste de 26 ans qui, admis aux Beaux Arts de Besançon, a effectué, chose rare, un double parcours pour obtenir un Master en Communication Visuelle puis deux ans plus tard un Master en Art. Il a déjà exposé dans de nombreuses manifestations de groupes qui l’ont conduit au Pavé dans la Mare, centre d’Art Contemporain de Besançon et au Musée d’Art Moderne de Saint Etienne. Il prépare, dans le cadre d’un projet franco-suisse une manifestation photographique transfrontalière qui devrait connaître une véritable diffusion internationale ainsi qu’un projet lié à la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale (2014). Arthur Babel enseigne déjà la photographie à l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Besançon où il encadre tous les ans une exposition des travaux d’élèves intitulée « Coup(s) de(s) jeune(s) ».

Depuis l’ouverture de la galerie (octobre 2011), c’est le troisième artiste à bénéficier d’une première exposition monographique à la galerie Annie Gabrielli.

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